Les «Rcédistes» qui sont redevenus «destouriens», après avoir « renié » cette appellation qu'ils avaient pourtant adoptée en févier 1988, comme pour enterrer un passé, celui du PSD et son fondateur Habib Bourguiba, ont commencé à relever la tête après le passage de « l’ouragan révolutionnaire » qui a failli les emporter. Le RCD rappelle, pour certains, les turpitudes d'un régime voué aux gémonies par les néo-révolutionnaires qui n'y voient que dictature, népotisme, misère et malheur.
Dans ce climat marqué par une sorte d'inquisition et une volonté de barrer le chemin au retour de ce qui est communément appelé «les sbires de l'ancien régime», certains militants ont tenté avec beaucoup de courage de rassembler cette «diaspora», dispersée mais très convoitée eu égard à son poids électoral et à son expérience du terrain essentiellement. Les partis destouriens créés sur les décombres de l'ancien parti au pouvoir dont les responsables, à quelque niveau qu'ils soient, ont été frappés par l'interdiction de se présenter aux élections de l'Assemblée nationale constituante, n'ont pas réussi à se repositionner sur une scène politique engorgée de partis, pour la plupart, hostiles au retour des figures de l’ancien régime. Les élections législatives et présidentielles de 2014 ont fini par laminer tous les espoirs. Et c’est Béji Caid Essebsi et son parti Nidaa Tounes qui ont raflé la mise, parce qu’ils ont réussi un véritable brassage entre quatre courants différents, ralliant plusieurs militants de l'ancien parti dissous et envoyant près d’une trentaines d’anciens « Rcédistes recyclés » à la nouvelle Assemblée des représentants du peuple.
Les égos des chefs
Aujourd’hui, même les jeunes de l’ancien RCD n’en ont cure, malgré une dynamique qu’ils ont engagée pour reprendre l’initiative et s’imposer comme une donnée incontournable. Désorientés par « les egos des chefs », ils ont compris que les appels à l’unité n’auront pas l’écho escompté, que le gâchis qui les étreint est incommensurable et que leur avenir politique pourrait se jouer ailleurs. Ils se divisent et cherchent d’autres issues. Certains d’entre eux ont déjà rejoint « le Mouvement du Projet de la Tunisie ». D’autres entretiennent encore l’espoir de retrouver une unité perdue. C’est comme s’ils poursuivaient des chimères !
Brahim OUESLATI